Identifier son type d’attachement permet de fluidifier nos relations et notre façon, bien à nous, d’interagir avec l’autre, de trouver et prendre notre place. C’est également une clef précieuse pour apprendre à gérer notre stress et nos émotions fortes.
Rappelons-nous que nous naissons avec 100 000 milliards de neurones, qui se connectent les uns aux autres grâce à la première relation, le lien mère-enfant. C’est dans cette proximité, avec le contact physique, la voix, le toucher, une bonne écoute des besoins de l’enfant et la présence de la mère, que tous les circuits neuronaux se mettent en place. Ainsi, les réseaux se construisent et transmettent l’information, du cerveau au reste de l’organisme.
Selon la qualité des relations vécues avec nos parents, pendant l’enfance, nous développons, une qualité d’être au monde, d’être avec les autres et d’être avec soi-même. Connaitre sa tendance permet d’éclairer nos liens de proximité et de soutien avec nos proches, nos parents en premier lieu pendant l’enfance, puis avec nos partenaires et ami(e)s proches ou encore nos enfants à l’âge adulte.
Ces façons de fonctionner sont catégorisées en 4 styles d’attachement ; l’attachement sécure, insécure anxieux, insécure évitant et insécure désorganisé.
Je choisis de traiter dans cet article les deux principaux rencontrés en thérapie : l’insécure anxieux et l’insécure évitant.
_ INSECURE ANXIEUX :
- Apprendre à mieux s’auto réguler émotionnellement
Le flot émotionnel dans lequel l’anxieux baigne est épuisant, pour soi-même et aussi pour l’entourage. La priorité est donc de mieux apprendre à réguler ses émotions, afin de ne pas être dirigé par elles en permanence.
L’anxieux a tendance à avoir un mode relationnel basé sur l’amplification du négatif et la minimisation du positif. Cela se traduit par une communication intense ; flots de paroles qui peuvent tourner en rond, lasser et décourager l’interlocuteur d’apporter son aide.
Les relations sont sur investies et régulièrement source de déception et d’ambivalence, comme si elles n’étaient jamais suffisantes pour calmer la part qui a tant besoin d’être rassurée et portée par l’autre.
Faible estime de soi, ruminations, scenarii catastrophe, angoisse, colère, culpabilité, comparaison, émotions débordantes, besoin impératif d’être vu et compris.
Stratégie : manifester son stress pour obtenir de l’aide au plus vite et ne pas rester seul face aux émotions. (Plainte, victimisation : émotions primaires et secondaires au même niveau)
L’anxiété fait barrage à l’introspection et bloque la capacité à mentaliser ce qu’on vit, ce qu’on ressent et ce qu’on pense. Ainsi l’anxiété déconnecte de l’instant présent et de relations authentiques.
La vie amoureuse est vécue comme principale source d’anxiété, avec peur de l’abandon.
L’attention des personnes à l’attachement anxieux est davantage sur les autres que sur elles-mêmes, au détriment de soi et de ses propres besoins. Elles sont très préoccupées par les autres. Par ce qu’ils pensent, disent et font. De fait, l’attention portée à décrypter les faits et geste de l’entourage est importante.
Rappelons, que l’une des stratégies adoptées par l’enfant anxieux pour recevoir des marques d’intérêt est d’être attentif aux besoins des figures d’attachement et d’y répondre. Il développe ainsi des antennes pour capter les préoccupations et les attentes des autres. Ce qu’il continue à faire à l’âge adulte. Au risque de s’oublier lui-même.
- L’enjeux est donc, pour se sécuriser, d’adopter peu à peu, une posture plus autocentrée. Il s’agit de retrouver de la justesse entre l’écoute de ses besoins et celles des autres. Ce retour à soi nécessite de sentir ce dont on a besoin et donc de le définir.
- Il s’agit de redéfinir ce qu’on aime, ce qu’on n’aime pas. Ce qu’on souhaite pour soi et ce qu’on écarte. Découvrir qui on est. Aller à la rencontre de ses désirs profonds, ses rêves, sa vision de soi-même à l’avenir.
- Apprendre comment faire des choix pour soi, sans s’en remettre à l’opinion des autres pour décider à sa place.
- (re)apprendre à prendre des décisions aide à se recentrer sur son baromètre intérieur.
- Retrouver sa capacité à sentir ce qui est bon pour soi et ce qui ne l’est pas, et ce indépendamment des conséquences sur l’entourage.
- C’est s’autoriser à éventuellement mettre à mal certaines relations et potentiellement être mal jugé, voir rejeté.
- Avancer sur sa sécurité intérieure pour oser dire Non, en expérimentant l’affirmation de soi et en se rendant compte que les conséquences ne sont pas si désastreuses qu’on l’imaginait.
- Prendre une posture plus affirmée et mettre ses besoins au centre.
- Aidez-vous de votre entourage pour mieux vous connaitre. Interrogez-les sur vos qualités, vos ressources, vos spécificités qui vous rendent uniques. Il est important d’interroger au moins 6 ou 7 personnes afin de recevoir une pluralité de points de vue, sous des angles différents.
- Il est également intéressant de retourner vers son enfance et ses rêves d’enfant, des activités que l’on aimait faire, seul et avec les autres, ce qu’on se voyait faire comme métier adulte. L’idée est de nourrir son introspection, à la recherche de son Moi intérieur.
- Plus on reconnait qui on est, moins on a besoin de l’autre pour se définir et avancer vers ce qui nous est cher.
_ INSECURE EVITANT :
- Se connecter à son corps et à ses émotions
À la suite d’expériences douloureuses, l’évitant a inconsciemment pris le parti de se couper de son corps et de ses états internes ; sensations, émotions, pensées activatrices de détresse. On intègre l’idée que les émotions ne sont ni valables ni montrables, et qu’il vaut mieux se débrouiller seul pour contrôler sa détresse intérieure.
Habitude à désactiver son système d’attachement en minimisant ses émotions et ses besoins relationnels.
Apparence rigide, froide et distanciée, difficulté à avoir des contacts physiques (câlins) ou des mots affectueux. Impression hautaine, autosuffisance, rationnel, manque affectif, sensation de vide. Corps tendu, peu relâché.
Estime de soi faible, malgré ce qui transparait. Derrière le masque de maitrise et de contrôle, se cache un manque d’estime et d’amour de soi.
Cet état de détachement du corps est une stratégie adaptative qui a permis de faire face en grandissant, mais qui a l’âge adulte, coupe de soi et des autres.
Il est donc nécessaire de refaire le chemin inverse ; revenir vers le corps, réapprendre à sentir et supporter ses ressentis.
Les évitants ont peur de leurs émotions, alors que petit, lorsqu’ils ont vécu une expérience difficile, voire même de la joie ou du plaisir, ils ont eu un retour négatif de leur entourage. Ils ont conservé des traces mnésiques dans leur corps et ne veulent pas prendre le risque d’être à nouveau submergés ou humiliés.
- L’enjeu, pour revenir à soi, est d’aller à la rencontre d’un début d’émotion perturbante ou d’un ressenti corporel inconnu, donc potentiellement dangereux
- Se sécuriser passe par ce travail de retour à soi et retour à son corps, en renouant les fils, qui dans le passé, se sont détachés ou distendus fortement, pour retrouver enfin la connexion à soi et à ses émotions profondes.
- Toutes les approches mettant le corps au centre vont aider à abaisser les défenses de détachement et peu à peu, aider à réapprivoiser ce corps, siège des émotions.
- Verbaliser ce que l’on pense et ressent pour mieux déterminer ses ressentis et développer le vocabulaire des affects (émotions primaires, secondaires)
- S’entrainer lors du prochain moment d’inconfort, en tâchant de mettre des mots sur nos émotions, en étant le plus précis possible.
- Il est aussi important d’apprendre à nommer les sensations et les endroits du corps qui leurs sont associés. Comment la sensation émerge, ou elle se déplace, à quoi elle ressemble (couleur, forme, texture..)
- Commencer un carnet de thérapie pour observer comment corps et émotion se lient face à tel ou tel événement. Et commencer à se défaire des automatismes d’isolement et de refoulement.